28 janvier 2006

Dieudonné Chavez, meme combat?

À ceux qui ne connaissent rien de l'Amérique du Sud, et encore moins le Venezuela, j'ai souvent décrit Chavez comme un mélange entre José Bové et Dieudonné mais en militaire à la retraite. De Bové, la position anti-impéraliste, et de Dieudonné, le côté provocateur et insolent, souvent maladroit, voire même irrespectueux.
Alors je n'ai été qu'à moitié surpris quand Dieudonné s'est revendiqué chavsite quand il a annoncé sa candidature à la présidentielle.

Ce commentaire est un constat. À vous de voir si la prise de position de Dieudonné est flatteuse ou non pour Chavez. Ça, ce n'est plus mon sujet.

26 janvier 2006

Foro Social Mundial

Dans Libération
Chez Chávez, le forum prend un tour politique
Le volet Amériques du FSM débute aujourd'hui au Venezuela, avec en vedette son omniprésent président.
par François MEURISSE Caracas correspondance

Dans Le Monde
Hugo Chavez, parrain contesté du Forum social
Par Laurence Caramel

Dans le papier de Libé, l'interviewée dit qu'elle ne pense pas que Chavez va chercher à tirer la couverture à lui. Dans celui du Monde, une personne dit le contraire. Ce qui est surprennant, c'est que cette intervention arrive en toute fin de papier, alors que le reste du texte de Laurence Caramel n'a rien à voir avec ce titre, aguicheur certes, mais qui ne correspond pas du tout au papier.

C'était écrit, le volet Amériques du Forum social mondial 2006 sera politique. (…)
http://www.liberation.fr/page.php?Article=353522

21 janvier 2006

Pétrole par la fenetre (+ english version)

Par un système compliqué de ristournes sur le prix du baril qui est vendu aux raffineries américaines qui appartiennent au Venezuela, Citgo (la filiale américaine de PDVSA) vend déjà de l'essence moins chère aux étatsuniens de la cote est. Comme si ce n'éatit pas assez, voici encore un effort pour la population américaine de la part du Venezuela. Combien des impots que paye Citgo vont dans les caisses de l'État vénézuélien?

Le Venezuela propose du pétrole 40 % moins cher à des Américains pauvres
Article publié le 17 Janvier 2006
Par Corine Lesnes
Source : LE MONDE
Extrait : Alors que les Etats-Unis mettaient leur veto, vendredi 13 janvier, à la vente d'avions militaires espagnols au Venezuela, une étonnante cérémonie se tenait devant une maison de Warwick, dans le Rhode Island, en présence de plusieurs représentants du président vénézuélien, Hugo Chavez, l'homme que l'administration Bush juge comme « une force négative » dans la région. On remplissait de fuel de chauffage vénézuélien la cuve d'un couple d'Américains, Denise et David Bloomingburgh. L'ambassadeur du Venezuela à Washington, Bernardo Alvarez-Herrera, était venu superviser la livraison, ainsi que Felix Rodriguez, le président de la Citgo, la filiale américaine de l'entreprise publique Petroleos de Venezuela.

Por medio de un sistema complicado de rebajas al precio del barril que va a las refinerias de Citgo, la gasolina que vende la filial de PDVSA ya es mas barata que las demas en la costa este. Como si fuera poco, ahora PDVSA decide vender fioul mas barato a familias pobres en EEUU. Cuanto de los impuestos que paga Citgo va a las arcas del Estado venezolano?

There is a complicated system which makes PDVSA (the venezuelan oil company) sell cheaper oil to Citgo (its own comany in USA). This system makes Citgo a cheaper retailer in the West Coast. But there is no interest to the venezuelan state, or to venezuelan people, because Citgo pays taxes in USA and not to Venezuela. IS that not enough? Now, Venezuela decided to sell cheaper fuel to poor families in the USA.

19 janvier 2006

Qui était Pierre-Joel Bonté?

Ce matin, Pierre-Joël Bonté, le président du Conseil régional de l'Auvergne est mort. Il avait 59 ans et avait été élu en 2004, lors de la vague rose aux régionales.
Est-ce que c'est une information qui peut moyennement ou un tout petit peu intéresser les lecteurs/auditeurs des médias nationaux?
Visiblement non. C'est passé dans les flash de France Info, d'abord en brève et ensuite avec le commentaire de l'intérimaire, le maire d'Aurillac. Le soir, il n'y avait plus rien sur Info. J'ai écouté à 20h Inter et Europe, rien, même pas en brève.
Je me suis dit que c'était un bon sujet pour la JournaListe… la différence de traitement d'une information entre la radio et la télé, car il me semblait évident que la télé ne raterait pas le coche. Loupé. Dans le 13h de France2, on n'en parle pas,, même pas en brève. Dans le 20h de Pujadas, il passe en dernière position, derrière la Côte d'Ivoire, la grippe aviaire bien sûr, mais aussi derrière un spectacle de Marie-Claude Pietragalla et le but de Nice. Pour Pujadas, une brève de 10 secondes, avec une photo. Dans le journal national de France 3 (chaîne censée être un peu plus proche des régions que la Une et la Deux), la nouvelle n'est pas dans le 12-13, et passe en clôture du journal national de 19-20, sans même une photo.

À côté de cela, vous regardez les deux éditions du journal régional de France 3 Auvergne… et c'est la seule information traitée ! L'intégralité du 12-13 régional (dix minutes) puis l'intégralité du 19-20 régional (vingt minutes) sont dédiées aux réactions des élus et des Clermontois, au portrait de PJB, à l'interview de l'intérimaire.
Quand on peut voir l'un à la suite de l'autre (vous pouvez encore le faire sur internet), on a l'étrange sensation de voir deux JT qui se passent dans des pays différents. Deux mondes différents.
Quant aux sites internet, ce n'est pas beaucoup mieux. Il n'y a que le nouvelobs.com qui en parle, grosso modo, selon google. Rien dans le site du Figaro, une dépêche dans lemonde.fr …

Alors, une question simple… est-ce qu'une information qui peut être considérée par certains journalistes dans une région de France comme l'information essentielle de la journée, au point de chambouler tout leur chemin de fer, peut être considérée non pas secondaire, mais sans aucune valeur, par les rédactions nationales?
Était-il trop difficile pour les journalistes que travaillent à Paris de trouver des réactions sur cet élu auvergnat? Le journal régional de France 3 a réussi à se procurer la réaction de Brice Hortefeux, ministre et bras droit de Sarkozy, un des principaux rivaux de Bonté, à la sortie du conseil de ministres, ainsi que celles de François Hollande, Jean-Paul Huchon, Jean-Marc Ayrault.
Je n'ai pas regardé TF1, mais n'était-il pas possible ou plutôt n'était-il pas pertinent de prendre UNE sur les 30 minutes réalisées par F3 Auvergne et passe un reportage en diffusion nationale?

Est-ce que c'est parce qu'un président de région n'est pas une figure nationale? Pas sûr que le décès des président de Languedoc-Roussillon, Ile-de-France, Poitou-Charentes ou même Nord Pas-de-Calais passeraient aussi inaperçus.

Qu'est-ce qui fait penser à un chef de rédaction que cette information n'a aucune valeur? Je pose la question sincèrement, sans aucune arrière-pensée… je ne dis pas qu'il fallait faire les titres d'ouverture du 13h ou du 20h, ni même en parler avant la grippe aviaire, la Côte d'Ivoire, les dockers, les problèmes avec les lois logement Borloo… mais bon, le congrès sur l'infarctus et le reste…
Ce n'est pas un sujet qui valait une minute pour faire savoir qui était ce bonhomme? Comme son nom ne dit rien à la grosse majorité de la population, et bien ce n'est pas la peine?
Pourtant, il y avait de quoi faire une minute… Élu local depuis 77, il devient maire de Riom en 95, puis président du Conseil général du Puy-de-Dôme en 98 et en 2004 il bat Giscard d'Estaing (oui, VGE, vous vous en souvenez?). Opposant farouche du cumul des mandats, à chaque fois qu'il a gravi un échelon, il a démissionné de son poste précédent. (Pupille de la nation, ne tenait pas à se représenter, vient d'enlever des aides à des entreprises qui se cassent la gueule, enfin, si ça vous intéresse, regardez sur F3).

Est-ce parce qu'il n'a aucune attache à Paris? Alors ça veut dire que seuls comptent les hommes politiques qui occupent ou ont occupé des fonctions nationales, notamment au sein de leur parti?

Enfin voilà. Peut-être que je me trompe, que tout le monde s'en fout de savoir qui était celui qui dirigeait une région d'un peu plus d'un million d'habitants en France et qu'une vague de froid inhabituelle en Russie est plus importante, qui sait?

16 janvier 2006

Libé, versions gratuites, versions payantes. (Chavez et les juifs)

Surprenant que, sur Libé, certains textes sont gratuits, d'autres payants.
Les "Inquiétudes de la communauté juive après un discours du président vénézuélien" sont, dans l'article "Le credo antisémite de Hugo Chávez" de Jean-Hébert Armengaud, du 9 janvier, en accès gratuit.
En revanche, l'article "Des Juifs vénézuéliens défendent Chávez, Les propos antisémites qu'a tenus le Président le 24 décembre divisent la communauté, par Annette Levy-Willard", sont en accès payant. Dans ce dernier, je suppose qu'ils apportent la réponse d'une partie de la communauté juive vénézuélienne qui a dit que certains avaient déformé les propos de Chavez.

La première version, à mon avis, exagère l'influence du révisioniste argentin Norberto Ceresole sur Chavez. Certes, le bouquin de Ceresole "caudillo, ejercito, pueblo", est l'expression d'une certaine vision de la relation entre Chavez et son électorat. Mais c'est très clairement une vision véhiculée par une partie de l'opposition, notamment les proches de Francisco Arias Cardenas, ancien partenaire de Chavez dans le putsch de 1992, puis son rival aux élections présidentielles de 2000. Et ensuite, par une pléiade de "journalistes" et éditorialistes ultra-anti-Chavez (Roberto Giusti, Patricia Poleo, etc).
JH Armengaud, écrit que "dans les années 90, Hugo Chávez a longtemps été conseillé et inspiré par Norberto Ceresole"… conseillé, peut-être, longtemps, c'est combien?. Inspiré? en quoi? Les textes idéologiques du MVR n'ont jamais repris les textes de Ceresole. Il ignore peut-être que le principal rival de Ceresole est José Vicente Rangel, viceprésident de Chavez. Il signale que Ceresole a été expulsé du Venezuela après le putsch (commandé par Chavez) de 1992, alors que l'expulsion date de 95, mais il omet de signaler que Ceresole a été, après son retour à Caracas, assez rapidement évincé et "invité à quitter" le Venezuela, pratiquemment dès l'arrivée de Chavez au pouvoir.

Je me permets de souligner cela puisque j'ai réalisé, en 2001, plusieurs articles sur les textes idéologiques du MVR (le parti chaviste) et puis d'une des dernières interviews de Ceresole de son vivant, en 2002, alors qu'il habitait en Espagne. Quand on écrit sur la politique vénézuélienne il est absolumment fondamental de ne pas avoir comme source un seul côté. Certains ne l'ont toujours pas compris.

Contre-exemple dans Le Monde (payant, mais le lead suffit) :
Débat à Caracas sur l'« antisémitisme » du président Hugo Chavez
Article publié le 14 Janvier 2006
Par Marie Delcas
Extrait : Au Venezuela, les représentants de la communauté juive se démarquent du Centre Simon-Wiesenthal, qui accuse le président Hugo Chavez d'antisémitisme. Dans une lettre adressée au Centre, citée par l'hebdomadaire juif new-yorkais Forward, la Confédération des associations israélites du Venezuela (CAIV) souligne que les propos reprochés au chef de l'Etat ont été mal cités. Un responsable de la CAIV s'indigne, sous couvert d'anonymat, de « l'instrumentalisation de l'antisémitisme dans le débat politique vénézuélien, où il n'a rien à faire ». La CAIV se plaint par ailleurs de ne pas avoir été consultée par le Centre Simon-Wiesenthal.