16 janvier 2006

Libé, versions gratuites, versions payantes. (Chavez et les juifs)

Surprenant que, sur Libé, certains textes sont gratuits, d'autres payants.
Les "Inquiétudes de la communauté juive après un discours du président vénézuélien" sont, dans l'article "Le credo antisémite de Hugo Chávez" de Jean-Hébert Armengaud, du 9 janvier, en accès gratuit.
En revanche, l'article "Des Juifs vénézuéliens défendent Chávez, Les propos antisémites qu'a tenus le Président le 24 décembre divisent la communauté, par Annette Levy-Willard", sont en accès payant. Dans ce dernier, je suppose qu'ils apportent la réponse d'une partie de la communauté juive vénézuélienne qui a dit que certains avaient déformé les propos de Chavez.

La première version, à mon avis, exagère l'influence du révisioniste argentin Norberto Ceresole sur Chavez. Certes, le bouquin de Ceresole "caudillo, ejercito, pueblo", est l'expression d'une certaine vision de la relation entre Chavez et son électorat. Mais c'est très clairement une vision véhiculée par une partie de l'opposition, notamment les proches de Francisco Arias Cardenas, ancien partenaire de Chavez dans le putsch de 1992, puis son rival aux élections présidentielles de 2000. Et ensuite, par une pléiade de "journalistes" et éditorialistes ultra-anti-Chavez (Roberto Giusti, Patricia Poleo, etc).
JH Armengaud, écrit que "dans les années 90, Hugo Chávez a longtemps été conseillé et inspiré par Norberto Ceresole"… conseillé, peut-être, longtemps, c'est combien?. Inspiré? en quoi? Les textes idéologiques du MVR n'ont jamais repris les textes de Ceresole. Il ignore peut-être que le principal rival de Ceresole est José Vicente Rangel, viceprésident de Chavez. Il signale que Ceresole a été expulsé du Venezuela après le putsch (commandé par Chavez) de 1992, alors que l'expulsion date de 95, mais il omet de signaler que Ceresole a été, après son retour à Caracas, assez rapidement évincé et "invité à quitter" le Venezuela, pratiquemment dès l'arrivée de Chavez au pouvoir.

Je me permets de souligner cela puisque j'ai réalisé, en 2001, plusieurs articles sur les textes idéologiques du MVR (le parti chaviste) et puis d'une des dernières interviews de Ceresole de son vivant, en 2002, alors qu'il habitait en Espagne. Quand on écrit sur la politique vénézuélienne il est absolumment fondamental de ne pas avoir comme source un seul côté. Certains ne l'ont toujours pas compris.

Contre-exemple dans Le Monde (payant, mais le lead suffit) :
Débat à Caracas sur l'« antisémitisme » du président Hugo Chavez
Article publié le 14 Janvier 2006
Par Marie Delcas
Extrait : Au Venezuela, les représentants de la communauté juive se démarquent du Centre Simon-Wiesenthal, qui accuse le président Hugo Chavez d'antisémitisme. Dans une lettre adressée au Centre, citée par l'hebdomadaire juif new-yorkais Forward, la Confédération des associations israélites du Venezuela (CAIV) souligne que les propos reprochés au chef de l'Etat ont été mal cités. Un responsable de la CAIV s'indigne, sous couvert d'anonymat, de « l'instrumentalisation de l'antisémitisme dans le débat politique vénézuélien, où il n'a rien à faire ». La CAIV se plaint par ailleurs de ne pas avoir été consultée par le Centre Simon-Wiesenthal.

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