20 juin 2010

Le chant des Guaranis

Le Paraguay joue ce dimanche 20 juin. Je leur souhaite d’aller loin. Ce sont des gagneurs. J’ai avec les paraguayens un souvenir qui n’est pas tout à fait issu d’une coupe du monde, mais bon, c’est tout de même un tournoi de foot international.
En 1991, le tournoi Juventud de América, Jeunesse d’Amérique, la coupe sudaméricaine des Espoirs (-21 ans), se jouait au Venezuela. C’était le premier tournoi d’une telel envergure qui se disputait dans mon pays. Et ma ville accueillait un des deux groupes, les demi-finales et finales se jouant dans de plus grandes villes. Déjà journaliste en herbe (j’avais seize ans, j’étais en terminale), j’avais réussi à me faire accréditer : j’allais aider Ivan Marrero et Carlos Dickson, des journalistes locaux, à envoyer les résultats aux agences, surtout durant la petite demie heure qui séparait le premier du deuxième match de chaque soirée.
Deux ou trois fois j’ai pu suivre l’équipe des jeunes paraguayens, dans les coulisses, à la sortie des vestiaires, avant le match, à la mi-temps ou à la fin des rencontres. La porte des vestiaires entrouverte, tandis que j’attendais de pouvoir parler avec l’entraineur ou le capitaine, je les ai vus se rassembler en cercle et crier un superbe chant guerrier, ou en tout cas qui semblait guerrier, aussi puissant et encourageant qu’un Haka néo-zélandais. Je n’y comprenais rien. C’est ainsi que j’ai découvert le Guaraní, la langue indigène encore bien vivante au Paraguay. J’en avais probablement entendu parler au collège ou au lycée. Mais là je la voyais vivre, sortir du cœur et des tripes de ces joueurs qui allaient tout donner sur le terrain. Et à qui j’ai évidemment demandé de m’en apprendre quelques mots. Depuis, j’ai bien compris que de nombreuses langues indigènes vivent en Amérique du Sud, j’ai bien compris aussi que les Paraguayens sont des joueurs hargneux qui se battent jusqu’au bout (les Français l’ont bien compris en 98), mais j’ai oublié ces quelques mots de guaraní.
Et puis, entre deux matchs, j’ai été pendant une semaine le correspondant (bénévole) d’Ansa, l’agence de presse italienne, qui n’avait pas pris de pigiste, et qui ne savait pas que celui qui envoyait les compositions d’équipe, les buteurs, les minutes, n’avait pas encore son bac.

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